Lettre au directeur suite à mon licenciement

To: Philippe Messeiller <philippe.messeiller@tamedia.ch>

Philippe,

Toc toc… excuse-moi si je te réveille…Depuis 22 ans et demi passées dans cette entreprise, j’ai toujours été correcte par rapport à d’autres qui ont beaucoup profité du système dans mon service et pas que dans le mien d’ailleurs.

Avec cet AVC datant du 27 août 2016, me suis réveillée aux soins intensifs une semaine après, n’arrivais plus à parler ni écrire, ma mémoire me faisait défaut, ai dû tout réapprendre et c’était très compliqué puis à la sortie de la réhabilitation le 21 octobre, je voulais reprendre le travail le plus vite possible avant de ne plus pouvoir revenir.

Suis devenue épileptique et hyper sensible à beaucoup de choses, notamment au bruit et c’est la raison pour laquelle on m’a déménagé du troisième étage au rez en 2019 puis de me retrouver à travailler chez moi, ça a été une libération et pouvoir être enfin au calme.

A propos d’économie, il y a quand-même un truc que je ne comprends pas, pourquoi virer quelqu’un qui coûte le moins cher dans le service ??? ça n’a pas de sens !?! (après un tel effort de réinsertion, j’imagine que c’est à cause de mon état de santé, je ne peux évidemment plus bosser le soir à cause de la fatigue), je préfère qu’on me le dise en face malgré l’écran qui nous sépare. Je ne vois rien d’autre sur quoi on pourrait me reprocher. Je suis quelqu’un qui ne sait ni mentir ni tricher et ni profiter des autres, c’est peut-être ma plus grande faiblesse.

Je te donne une idée pour réduire un peu plus les coûts si infimes soient-ils: (suis sympa hein dit ?) Supprime immédiatement la prime du soir de 80.- qui n’a absolument pas lieu d’être.

Pourquoi me donner le congé à 57 ans alors qu’à 58, j’aurais eu un p’tit pécule de plus ? c’est calculé et c’est méchant ! Alors j’t’en supplie, fais un geste à mon encontre, fais que je puisse percevoir mon salaire de misère pendant encore 2 ans, et là… je n’aurai que 59 ans (si Dieu me prête vie jusque là) en sachant que je ne retrouverai aucun autre emploi. Quelle journée noire !

Petite question, rien qu’entre toi et moi, tu peux me dire la différence entre ton salaire et le mien ? ou plus directement, combien gagnes-tu ? ça m’intéresse beaucoup, j’te promets que je garderai ça pour moi, comme c’est une entreprise qui se dit jeune, joviale (puisque on vire les seniors) presque familiale où on peut tout se dire, où on peut également se permettre de tutoyer la hiérarchie et même les grands boss de Zürich pas vrai ?

Je me permets de t’envoyer aussi cette photo datant de 2019 du troisième étage, collaborateur travaillant en face de moi ! (lorsqu’il cessait de déranger les autres, il dormait affalé sur sa table, personnellement je préférais le voir comme ça). C’est cool dans cette entreprise mais pour moi, c’est moins cool et n’ai pas choisi de tomber malade en 2016.

A bon entendeur

Salutations de Nicole dont le cerveau ne fonctionne plus à 100% donc pardon pour les fautes de français et d’orthographe.

Cette lettre a été envoyée en juillet 2021 suite au licenciement d’une connaissance